Bernard Plossu Anza Borrego 1980 Tirage Jean-François Fresson Courtesy Galerie Les Yeux Ouverts, Fontainebleau © Bernard Plossu
Bernard Plossu Anza Borrego 1980 Tirage Jean-François Fresson Courtesy Galerie Les Yeux Ouverts, Fontainebleau © Bernard Plossu

Paysage(s) Fresson(s)
17.02...19.05.2024
Inauguration vendredi 16 février 2024 à 18h

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À de rares exceptions près [Sudre, Brihat, Cordier], la photographie est affaire de prise de vue puis de tirage. Depuis Nicéphore Niépce, la tradition veut que les photographes réalisent eux-mêmes leurs épreuves, qui dans un espace spécialement dévolu, adapté pour l’occasion, qui dans leur salle de bains, qui dans leur cuisine. Pourtant, l’industrie invisibilise rapidement cette étape, principalement à l’initiative de Kodak et de son célèbre « You press the button, we do the rest ». Plus tard, les agences photographiques sous-traitent la production de tirages de presse quand, de leur côté, des auteurs photographes confient le tirage à des tiers. Parfois parce qu’ils considéraient que cette opération n’était pas si importante. Parfois parce qu’ils n’avaient pas le temps. Parfois parce que des tireurs avaient su gagner leur confiance.
 Dans ce dernier cas, les photographes considèrent que les artisans d’exception sont les plus à même de rendre compte de leur démarche, de révéler mieux qu’ils ne le feraient eux-mêmes leur intention avec cette étape qui s’avère cruciale. Il en résulte souvent une certaine exclusivité : certains photographes ne jurent que par un seul tireur et ne feraient réaliser leur tirage auprès d’aucun autre. Les anciens Yvon Le Marlec, Claudine Sudre, Philippe Salaün ou Roland Dufau [pour la couleur], les actuels Guillaume Geneste, Thomas Consanti, Diamantino… sont autant de figures incontournables des cinquante dernières années pour qui le tirage fait partie intégrante de l’œuvre du photographe.
 
 Parmi cette galerie de tireurs, un nom s’impose, Fresson. Et trois prénoms : Pierre, Michel et Jean-François. Une dynastie toujours active, en la personne de Jean-François Fresson qui œuvre à réaliser des épreuves selon le procédé familial, en couleurs le plus souvent, mis au point par Pierre et Michel Fresson.
 Les Fresson sont eux-mêmes les héritiers d’une filière technique quasi révolue, celle des procédés pigmentaires. Gustav Suchow révèle en 1832 que la lumière agit sur les chromates ; en 1852, William Henry Fox Talbot [1800-1877] signale que la gélatine associée au bichromate de potassium devient insoluble après son exposition à la lumière ; dès 1855, Louis Alphonse Poitevin [1819-1882] exploite ces propriétés pour créer le procédé au charbon en incorporant du noir de carbone au bichromate de potassium. Ce procédé pigmentaire et ses déclinaisons [on peut remplacer le noir de carbone par d’autres pigments] ont l’avantage de mieux se conserver que les procédés argentiques et connaissent un essor commercial considérable à la fin du XIXe siècle. Ces procédés pigmentaires offrent aux photographes de multiples possibilités créatrices, différentes des procédés argentiques traditionnels. Nombre de photographes et de producteurs de papiers photographiques concourent au succès de ces différents procédés qui recueillent notamment les suffrages des photographes issus du courant pictorialiste au tournant du XXe siècle.
 L’aventure Fresson débute dans ce contexte effervescent autour de ces techniques pigmentaires lorsque Théodore-Henri Fresson [1865-1951] met au point son propre procédé pigmentaire, qu’il présente à la Société Française de Photographie en 1899. Son procédé « charbon-satin » fait le succès de l’entreprise familiale jusqu’au déclin de la demande au milieu du XXe siècle. À partir de 1947, l’activité de vente de papier « charbon-satin » diminue et l’atelier réalise désormais des tirages pour les photographes, tels Laure Albin Guillot ou Lucien Lorelle. À partir de 1950, un des deux enfants de Théodore-Henri Fresson, Pierre [1904-1983], œuvre avec l’aide de son propre fils Michel [1936-2020] à adapter le procédé familial à la couleur. Lorsqu’ils s’installent à Savigny-sur-Orge en 1952, Pierre et Michel Fresson lancent leur activité de tirage en couleurs selon la technique de leur invention, le fameux procédé Fresson, avant d’être rejoints par Jean-François en 1978.
 
 Obtenue après décomposition d’un original en couleurs à travers trois filtres [rouge, vert, bleu], puis exposition à la lumière pour les quatre couleurs successives [cyan, jaune, magenta et noir] avant un bain d’eau tiède et de sciure de bois légèrement abrasive, l’épreuve finale est le résultat d’une technique complexe parfaitement maîtrisée et d’un savoir-faire unique, au sein d’un atelier dont les conditions thermo-hygrométriques sont parfaitement connues par les opérateurs.
 Produire un tirage Fresson est un processus complexe, qui fait autant appel à la technique [l’application des couches successives sur le papier est le fruit d’une machine spéciale fabriquée par les Fresson eux-mêmes en 1952 et toujours utilisée de nos jours] qu’à l’œil du tireur et à sa maîtrise de son environnement. Durant le processus, les accidents sont nombreux, notamment lorsque le papier trop lourd se déchire à la sortie d’un des bains, provoquant une tension de découragement soudain dans les épaules du tireur [ ! ] : tout est à recommencer. Deux à cinq jours de travail ne sont pas de trop pour obtenir ces photographies en couleurs reconnaissables entre toutes : douces, satinées, chaudes, sensuelles, légèrement floues, presque granuleuses malgré le papier lisse et souvent de formats réduits [le plus couramment 21 x 27 cm].
 
 D’aucuns n’apprécient pas cette esthétique. Elle aurait l’art de transformer des prises de vues médiocres en « bonnes photographies » : l’atmosphère singulière induite du procédé ferait le charme du cliché. Mais cette assertion est vraie pour tous les tireurs, c’est d’ailleurs en cela que l’on reconnaît un tireur exceptionnel, capable d’extraire le meilleur d’un négatif. Le procédé Fresson serait également la dernière occurrence d’un courant artistique suranné, le pictorialisme, où la technique et l’esthétique entreraient en contradiction avec la pratique amateur et la photographie vernaculaire. D’autres, tels Bernard Plossu et ses amis ne jurent que par le procédé Fresson. Certes, les Fresson excellent à magnifier une « image », à ajouter du trouble au trouble, accentuer les qualités d’un cadrage « parfait », à ajouter [créer] du sens dans une photographie en apparence banale. Bernard Plossu a su identifier chez les Fresson le tour de main qui sait valoriser ses photographies. Loin d’être des tableaux, ses photographies d’éléments du réel le plus anecdotiques, toujours parfaitement cadrées, vont trouver plus de sens grâce au procédé Fresson, donner l’impression au regardeur qu’il sent ce qu’a senti le photographe au moment de la prise de vue. Les photographies de Bernard Plossu tirées par les Fresson deviennent des compositions impressionnistes où la couleur sourde invite à l’examen et l’introspection, le choix de petits formats renforçant cette immersion. Il est à croire que le procédé Fresson a été inventé pour Plossu, tant ses photographies entrent en résonance avec le procédé. Le nom de Plossu est indissociable du nom de son atelier de tirage, depuis 1967 que Plossu a découvert le procédé. Et Bernard Plossu est devenu le meilleur des agents pour le célèbre atelier de Savigny-sur-Orge. D’ailleurs, depuis le début 1970, Plossu documente la vie de l’atelier et s’y rend régulièrement pour photographier la dynastie au travail.
Si le procédé Fresson et les photographies de Plossu ont su se trouver et se magnifier l’un l’autre, Bernard Plossu n’est pas seul. Avec les années, il s’est entouré d’une « famille », où la marche, la déambulation, la photographie et le procédé Fresson sont les dénominateurs communs. Autour de Bernard Plossu, l’exposition rassemble quelques membres de cette vaste famille :Jean-Claude Couval, Douglas Keats, Philippe Laplace, Laure Vasconi et Daniel Zolinsky.
 
Jean-Claude Couval arpente les Vosges pour trouver les traces de la Première Guerre mondiale, tandis que Daniel Zolinsky sillonne l’Italie et le Mexique. Douglas Keats fait œuvre utile en répertoriant, à l’instar de la Mission héliographique, les églises ancestrales du Nouveau-Mexique, vestiges de l’évangélisation des autochtones par les colons portugais et espagnols du XVIe siècle, tout en jouant avec les particularités du procédé Fresson en déclinant à plusieurs heures d’intervalle selon le même point de vue l’église de Ranchos de Taos. Adepte du procédé charbon, Philippe Laplace propose des compositions pictorialistes des chemins et des sentiers qu’il traverse en France. Tandis que Laure Vasconi mène une déambulation singulière et solitaire dans d’anciens studios de cinéma aux États-Unis, en Inde ou en Italie, à la recherche de fantômes, le procédé Fresson ajoutant du mystère au mystère, la photographe créant de nouveaux paysages au sein de ces paysages fictifs.
 Au cœur de l’exposition, comme un hommage aux différentes générations de Fresson et au procédé, deux séries en couleurs de Bernard Plossu, fruits de séjours américains du début des années 1980. L’une fut la dernière série tirée par Michel Fresson quand la seconde fut la première tirée par Jean-François Fresson. L’esprit Fresson est bien là mais les différences démontrent s’il en était encore besoin que le procédé ne fait pas tout : c’est bien l’œil et la main du tireur qui font la singularité du tirage.
 
Sylvain Besson
 
 __
 
 
 Commissariat :
 Sylvain Besson, musée Nicéphore Niépce
 Bernard Plossu
 
Scénographie, montage :
Michel Le Petit Didier
Nicolas Pleutret
 
 Remerciements :
 Jean-Claude Couval
 Douglas Keats
 Philippe Laplace
 Laure Vasconi
 Daniel Zolinsky
 Anatole Desachy
 Galerie Les Yeux Ouverts, Fontainebleau
 La Société des Amis du musée Nicéphore Niépce

Bernard Plossu Pierre Fresson dans l’atelier Vers 1971 © Bernard Plossu
Bernard Plossu Pierre Fresson dans l’atelier Vers 1971 © Bernard Plossu
Philippe Laplace Sans titre Années 2000 © Philippe Laplace
Philippe Laplace Sans titre Années 2000 © Philippe Laplace
Daniel Zolinsky Patzcuaro, Mexico 1985 © Daniel Zolinsky
Daniel Zolinsky Patzcuaro, Mexico 1985 © Daniel Zolinsky
Jean-Claude Couval Douaumont Meuse Série « Que nous reste-t-il d’eux ? » 2006 © Jean-Claude Couval
Jean-Claude Couval Douaumont Meuse Série « Que nous reste-t-il d’eux ? » 2006 © Jean-Claude Couval
Laure Vasconi Mosfilm, Moscou Série « Villes de Cinéma » 2000-2010 © Laure Vascon, ADAGP Paris 2024
Laure Vasconi Mosfilm, Moscou Série « Villes de Cinéma » 2000-2010 © Laure Vascon, ADAGP Paris 2024
Laure Vasconi Bollywood, Bombay Série « Villes de Cinéma » 2000-2010 © Laure Vasconi / ADAGP Paris 2024
Laure Vasconi Bollywood, Bombay Série « Villes de Cinéma » 2000-2010 © Laure Vasconi / ADAGP Paris 2024
Bernard Plossu New Mexico 1979 tirage Michel Fresson Courtesy Galerie Les Yeux Ouverts, Fontainebleau © Bernard Plossu
Bernard Plossu New Mexico 1979 tirage Michel Fresson Courtesy Galerie Les Yeux Ouverts, Fontainebleau © Bernard Plossu
Bernard Plossu New Mexico 1981 tirage Michel Fresson Courtesy Galerie Les Yeux Ouverts, Fontainebleau © Bernard Plossu
Bernard Plossu New Mexico 1981 tirage Michel Fresson Courtesy Galerie Les Yeux Ouverts, Fontainebleau © Bernard Plossu
musée Nicéphore Niépce
28, Quai des Messageries
71100 Chalon-sur-Saône
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© musée Nicéphore Niépce Ville de Chalon-sur-Sâone
Sacha Pour Marie Claire 1983 Salvador de Bahia, Brésil mannequin Eleonore Klarwein modèle Yves Saint Laurent rédactrice Isabelle Rovillé © Sacha
Sacha Pour Marie Claire 1983 Salvador de Bahia, Brésil mannequin Eleonore Klarwein modèle Yves Saint Laurent rédactrice Isabelle Rovillé © Sacha

Sacha
17.02...19.05.2024
Inauguration vendredi 16 février à 18h

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Même les dromadaires étaient sous le charme
(Miguel Medina, photographe)
 
Lorsqu’en 1966 le magazine Elle  publie un portrait de groupe de ses photographes devant l’objectif de Peter Knapp, il faut attendre la seconde photographie pour qu’un des personnages centraux tombant le chapeau se révèle ne pas être un photographe mais une photographe, la jeune Sacha van Dorssen. L’air de rien, en toute discrétion dans un métier où la production est abondante et mixte, Sacha fait partie du cercle restreint des photographes de mode passés à la postérité.
 
Avec une apparente simplicité, Sacha (née Sacha van Dorssen en 1940 à Rotterdam, Hollande) a su s’imposer comme une photographe de mode singulière, identifiable entre toutes, photographiant pour les magazines les plus prestigieux et répondant à de nombreuses commandes publicitaires (Yves Saint-Laurent, Louis Vuitton, Dim, …). Nul besoin de signature : sans pour autant d’ailleurs les identifier comme de son fait, nous avons de nombreuses photographies de Sacha « dans l’œil »,.
 
Elle puis The Sunday Times Magazine , Stern, Vogue UK, Avenue, Le Jardin des Modes, Lui, Vogue Homme,  Harper’s Bazaar Italia, GQ, Bloom  et surtout Marie Claire  (de 1977 à 1999, sans discontinuer ou presque Sacha va publier tous les mois dans le magazine et ses différentes variantes), autant de magazines qui vont faire confiance à la photographe néerlandaise qui s’est vue presque immédiatement confier, dès son arrivée en France en 1964, ses premiers reportages par Peter Knapp, alors directeur artistique de Elle .
 
Composé de plusieurs centaines de milliers de diapositives, rangées dans leurs petites boites jaunes soigneusement classées par date, et de tous les justificatifs de publication, le fonds photographique de Sacha témoigne d’une activité uniquement tournée vers la photographie de mode. Cette exposition pourrait d’ailleurs être composée exclusivement de couvertures et de doubles pages de magazines tant il y en a eu. Les diapositives constituent une matière première illimitée dans laquelle Sacha puis les journaux ont puisé « les bonnes photographies » destinées à être imprimées. Car dans la mode, l’objet final et abouti reste le magazine, où les photographies sont mises en page et soigneusement légendées.
 
En effet, la photographie de mode n’existe que pour le magazine et qui mieux que Sacha pour incarner cette chaîne complexe de production d’images de mode. Lorsque l’on lit ou que l’on écoute Sacha, l’expression qui revient le plus souvent est celle de « travail d’équipe ». Lors de chaque séance s’activent des rédacteurs ainsi qu’un ou plusieurs assistants (logistique, éclairage, …), les mannequins, les coiffeurs, les maquilleurs… Avant que la photographe ne puisse s’exprimer, elle doit ronger son frein !
 
Plusieurs années durant, les assistants de Sacha ont soigneusement documenté les différents voyages pour les magazines en annotant les données techniques nécessaires au développement des films argentiques sur les polaroids de repérage. Sacha a ensuite rassemblé ces informations dans ses cahiers : lieu de prises de vue (pays, ville) et de résidence lorsque le séjour durait plus d’un jour, nom des différentes personnes présentes, celui de ou des mannequins, tickets d’hôtel ou de restaurant. Ce travail de référencement en temps réel est une source formidable pour comprendre le mode de production de ces photographies et son aspect résolument collectif.
 
On décrit souvent Sacha comme une photographe exigeante et … lente. Elle-même le reconnait : « j’admets qu’on dise que je suis très lente, mais quand mon mannequin arrive fin prêt, il me faut du temps pour que ce côté apprêté disparaisse et qu’il se produise quelque chose de vrai ou de naturel ; en fait, je suis comme la fermière bretonne qui vend ses dindes : si vous voulez de la qualité il faut mettre le temps. » [1]  Cette exigence est tellement identifiable et porteuse que les magazines et les marques vont lui faire confiance durant près de 50 ans.
 
La qualité de ses cadrages (à de rares exceptions près, ses photographies sont impossibles à recadrer au grand regret des directeurs artistiques), le soin apporté aux détails, son sens de la couleur, sa maîtrise de la lumière et le naturel qui se dégage de ses clichés pourtant très construits, imposent Sacha auprès des magazines et des marques. Là encore, une fois les clichés pris, le travail est de nouveau collectif : rédacteurs, directeurs artistiques, rédacteurs en chef, … Sacha nous parle de joie partagée et il est vrai que le résultat final semble toujours joyeux et léger.
 
Sacha incarne une certaine idée de la femme, de l’homme et de la mode sur près d’un demi-siècle. Et même si elle a multiplié les collaborations avec des magazines partout dans le monde, elle reste associée à Marie Claire  et les déclinaisons en kiosque (Marie Claire bis  et Marie Claire beautés ). A l’instar de Elle, Vogue  ou Stern , les magazines ont leur personnalité, leur ligne conductrice et Marie Claire  revendique depuis sa relance en 1954 par Jean Prouvost une identité forte. Héritier du Marie Claire  fondé en 1937 par Jean Prouvost et Marcelle Auclair, le nouveau Marie Claire  proclame « un magazine de luxe pour tout le monde », associant la mode (le prêt-à-porter comme la haute-couture) à des conseils pratiques, de cinéma, de tourisme, tout en proposant des articles de fonds sur des sujets de société.
 
En 1937, les couvertures de Marie Claire  proposaient des mannequins toujours souriants, à partir de 1954 les reportages photographiques proposent les mannequins qui semblent saisis dans leur quotidien. Au gré des rédactrices et des changements dans la société - que Marie Claire  accompagne -, cette identité visuelle perdure. Et c’est dans sa capacité à saisir « le vrai ou le naturel » tant recherchés par le magazine que Sacha va exceller, tandis que le magazine connait son apogée dans les années 1980, après qu’Evelyne Prouvost-Berry, secondée par Claude Brouet comme rédactrice en chef, a succédé à son grand-père en 1976.
 
Chez Sacha, les mannequins ne semblent jamais poser. Ils sont comme saisis dans leur intimité, une forme d’abandon faisant oublier la présence de la photographe. Et le paysage occupe une place essentielle. De façon subtile, Sacha sait combiner mannequins, modèles et décors en jouant avec la lumière extérieure, qu’elle préfère à celle du studio. Peter Knapp dit de Sacha qu’elle n’est pas dans le silhouettage de la forme, que ce qui se passe autour de la silhouette n’est pas en contraste avec le sujet, il en résulte des photographies douces, des ambiances où le vêtement ne semble pas être le principal sujet mais se lit pour autant comme essentiel à l’ambiance donc comme un élément désirable.
 
Sacha aime à photographier les à-côtés de ses voyages pour la mode et la publicité, posant son regard précis sur des détails inattendus mais toujours parfaitement composés. C’est dans cet esprit que Sacha est la photographe d’ouvrages dédiés à Mariano Fortuny [2]  et Christian Dior [3]  pour les Éditions du Regard, qui feront date. Premier livre publié par les Éditions du Regard, celui consacré à Fortuny témoigne la maestria de Sacha pour capter les ambiances (ici celle si singulière qui régnait dans le palazzo Fortuny laissé quasiment en l’état depuis 1965), mettant en avant des détails, écumant inlassablement le palais. José Alvarez dira : « pour Sacha, rien n’est insignifiant » [4]  et pour ce faire Sacha s’adapte à la lumière particulière du lieu, elle qui préfère les extérieurs et le soleil. Pour Dior, le jeu est tout autre et ses compositions subtiles s’intègrent aux photographies d’archives qui composent l’ouvrage.
 
Mode, publicité, reportages, depuis 1964, Sacha a construit une œuvre singulière faite de lumière, d’exigence et de sincérité.
 
Sylvain Besson
 
 __
 
 
Commissariat :
Sacha
Sylvain Besson, musée Nicéphore Niépce
 
Design Graphique :
Le Petit Didier
Nicolas Pleutret

Tirages :
Dupon Paris
Kleurenfelix Breda
 
Remerciements :
Gabriel Bauret
Françoise Bornstein
Peter Knapp
La société des Amis du musée Nicéphore Niépce
Dingeman Kuilman

Et les équipes du Stedelijk Museum Breda
Beja Tjeerdsma
Marieke Wiegel
Friso Wijnen

[1] Coups de cœur et déclenchements in Gabriel Bauret, Sacha  !, Éditions du Chêne, Paris, 2011
[2] Anne Marie Deschodt, Mario Fortuny : un magicien de Venise (1871-1949), Éditions du Regard, 1979
[3] Françoise Giroud, Dior , Éditions du Regard, 1987
[4] Gabriel Bauret, Sacha  !, Éditions du Chêne, Paris, 2011

Sacha  Pour Marie Claire 1995 Hôtel Biltmora, Phoenix, Arizona mannequin Belinda modèle Chanel rédactrice Geneviève Delaunay coiffure Massato maquillage Amy Sacco © Sacha
Sacha Pour Marie Claire 1995 Hôtel Biltmora, Phoenix, Arizona mannequin Belinda modèle Chanel rédactrice Geneviève Delaunay coiffure Massato maquillage Amy Sacco © Sacha
Shinji  Sacha en shooting pour Soske Oguri, Barneville-Carteret, avec l’assistant Rudolf van Dommele 1984 © Shinji
Shinji Sacha en shooting pour Soske Oguri, Barneville-Carteret, avec l’assistant Rudolf van Dommele 1984 © Shinji
Sacha  Pour Elle 1977 Corse « Blue Rocks », rochers peints par Jean Verame dans le désert des Agriates mannequin Daniela Arnon modèle Guy Paulin rédactrice Nicole Crassat © Sacha
Sacha Pour Elle 1977 Corse « Blue Rocks », rochers peints par Jean Verame dans le désert des Agriates mannequin Daniela Arnon modèle Guy Paulin rédactrice Nicole Crassat © Sacha
Sacha Pour Marie Claire 1981 Essaouira, Maroc mannequins Cynthia et Isabelle Townsed modèles Kenzo et Dorothée Bis rédactrice Betty Bertrand © Sacha
Sacha Pour Marie Claire 1981 Essaouira, Maroc mannequins Cynthia et Isabelle Townsed modèles Kenzo et Dorothée Bis rédactrice Betty Bertrand © Sacha
Sacha Pour Vogue UK 1972 Rue Monsieur le Prince mannequins Donna Jordan et Louise Despointes rédactrice Grace Coddington coiffure Jean-Louis David © Sacha
Sacha Pour Vogue UK 1972 Rue Monsieur le Prince mannequins Donna Jordan et Louise Despointes rédactrice Grace Coddington coiffure Jean-Louis David © Sacha
Sacha Dior 1987 Paris Modèle Monsieur Christian Dior Françoise Giroud Éditions du Regard, Paris © Sacha
Sacha Dior 1987 Paris Modèle Monsieur Christian Dior Françoise Giroud Éditions du Regard, Paris © Sacha
Sacha  Pour Marie Claire 1987 Miami Beach mannequin Veronica Webb modèle Ungaro rédactrice Isabelle Ravillé coiffure Massato © Sacha
Sacha Pour Marie Claire 1987 Miami Beach mannequin Veronica Webb modèle Ungaro rédactrice Isabelle Ravillé coiffure Massato © Sacha
Sacha Pour Vogue Deutschland 1986 Sri Lanka mannequin Sasha rédactrice Regina Schmock © Sacha 6
Sacha Pour Vogue Deutschland 1986 Sri Lanka mannequin Sasha rédactrice Regina Schmock © Sacha 6
Sacha Pour Marie Claire 1979 La Défense, Paris mannequins Tana et Jennifer modèles Saint Laurent Rive Gauche et Sonia Rykiel rédactrice Mako Yamazaki coiffure Mod’s Hair © Sacha
Sacha Pour Marie Claire 1979 La Défense, Paris mannequins Tana et Jennifer modèles Saint Laurent Rive Gauche et Sonia Rykiel rédactrice Mako Yamazaki coiffure Mod’s Hair © Sacha
musée Nicéphore Niépce
28, Quai des Messageries
71100 Chalon-sur-Saône
tel / + 33 (0)3 85 48 41 98
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