© Oscura, Bamako 98
© Oscura, Bamako 98

Oscura
Une pratique collective du sténopé
29.06 ... 29.09.2024
Inauguration : samedi 29 juin à 11h

Téléchargez le dossier presse ici

Commissariat de l’exposition :
Elisabeth Towns et Jean-Michel Galley, Oscura
Brigitte Maurice-Chabard, musée Nicéphore Niépce
Scénographie, montage: équipe du musée Nicéphore Niépce
 
Le musée remercie
Le Bec en l’Air
La société des Amis du musée Nicéphore Niépce

Fondée au début des années 1990, l’association Oscura fait œuvre collective autour de la pratique du sténopé. Procédé photo[1]graphique aisé à mettre en œuvre [une boîte, un trou, une surface photosensible], plus simple déclinaison de la camera oscura des anciens, le sténopé est l’occasion pour Oscura de créer du lien par l’entremise d’une centaine d’ateliers organisés un peu partout, de Saint-Denis à Bamako, du Havre à Sarajevo depuis près de 35 ans.
Chaque intervention d’Oscura repose sur sept caractéristiques présentées dans l’exposition: «Mise en boîte», «Lieux à prendre», «Courants d’air », «Le corps pose», «Les loges de la lenteur », «Trans-Plantations», «Souffles frontières». Déclinées au sein des ateliers, ces caractéristiques interrogent notre rapport au monde et sa représentation.
Tandis qu’aujourd’hui, il n’a jamais été aussi simple de faire des photographies, que le numérique offre la «perfection» pour reproduire le réel, qu’une simple pression du doigt sur l’écran d’un smartphone «standardisé» saisit ce que l’on voit au plus près, Oscura renouvelle la question de la production des images photographiques. Chaque participant aux ateliers d’Oscura fabrique sa propre chambre photographique, choisit le positionnement du trou et se confronte au temps long, à la réflexion quant au positionnement de la boîte, à l’expérimentation des déformations de l’image induites par la forme de son «appareil ».
 Les préoccupations d’Oscura rejoignent celles du musée Nicéphore Niépce: la photographie ne saurait se réduire à une pratique, à un protocole, à des certitudes. Mais elle est manifestement un formidable moteur d’histoires, singulières et collectives.
 
 Oscura : sept apprentissages
 
1 . Mise en boîte
La photographie au sténopé est une pratique contemporaine. À l’inverse des pionniers de la photographie qui cherchaient à gagner du temps, l’association Oscura prend le parti de la lenteur dans un monde pressé. Toutes ces images-temps sont collectives; elles affirment la coexistence de l’autre et de soi-même, elles explorent l’aura d’une nouvelle liberté en photographie. Le sténopé, c’est aussi une histoire de petit trou et de boîte. On peut bien sûr l’acheter, mais Oscura a toujours préféré fabriquer ses chambres avec une boîte en fer résistant au soleil et à la pluie. Se mettre en quête d’une boîte, c’est déjà découvrir un territoire et ses habitudes. Biscuits, boutons et boulons seront délogés. La taille de la boîte déterminera celle du négatif papier et donc de l’image. On met du temps à choisir l’endroit où percer le sténopé: au flanc ou sur le couvercle? Moment crucial. Commence l’expérimentation de la lumière. Une vignette, un reflet, du hasard au calcul, chaque essai personnalise les chambres.
 
2 . Lieux à prendre
Après la quête de la boîte vient le moment d’apprivoiser les lieux. Avant la prise de vue, il faut tourner avec sa boîte, la suspendre, l’accrocher, la renverser ou la scotcher. Elle peut aussi rester dans les mains, le flou s’invite et déplace les lignes. Faire une image au sténopé, c’est avoir fait tout le tour d’un espace pour trouver où nicher la boîte. C’est chercher le soutien d’un bâton ou d’une pierre, l’hospitalité d’une branche, d’un rebord de mur ou d’une barrière. À chaque fois, il faut évaluer la direction possible ou imposée, la souplesse et la résistance d’un perchoir, la force du vent et les parcours de l’ombre ou des courants. Pourtant rien n’est exclu tout à fait, ni une rafale, ni une chute, ni un choc, une dérive des éléments du dedans et du dehors.
 
3 . Courants d’air
En sténopé, pas de réglage de l’ouverture. Une fois percé le petit trou, seule l’intensité de la lumière et l’émulsion peuvent varier. Pour mieux partager l’acte photographique Oscura a choisi de travailler avec du papier photo[1]sensible [noir et blanc] comme négatif. Ces facteurs induisent de longs temps de pose. Souvent, le corps qui veut être photographié ne mesure pas bien l’effort qui lui sera demandé. Habitué à l’instantané entre le clic et le clac du déclencheur, il prend la pose et s’étonne de ne pouvoir la garder. Les baskets neuves, le rouge à lèvres, les belles tenues du dimanche, n’y peuvent rien: le corps glisse, se décale, tressaille et se tend. Quand il s’en rend compte, poser devient pour lui un bras de fer contre le temps. Il est souvent trop tard. L’épreuve gardera la trace de cette lutte.
 
4 . Le corps pose
Puis la pose devient pause. Qui cherche un portrait va devoir s’accoutumer aux longues secondes au cours desquelles les muscles s’allongent ou se tendent dans une parenthèse temporelle. On s’éloigne de l’instantané pour que l’image de soi éclose d’une durée. La pensée s’assemble dans un étrange dialogue avec soi Oscura: sept apprentissages 3 ou avec ce qui est déjà un peu le devenir d’un autre. Le corps cherche le confort, prend appui, s’adosse ou se couche. Il se repose. Il est prêt pour une traversée face au temps. Commence un voyage dans l’obscurité de la chambre ouverte sur la persistance du cœur et du corps. Les lieux mêmes dans lesquels se déploient ces pauses s’affranchissent du quotidien.
 
5 . Les loges de la lenteur
Au fur et à mesure, les risques de la durée deviennent un besoin, une aventure bouleversant les limites de la conscience et de la perception. Pendant des heures d’ouverture du sténopé, les corps ont pu se fondre dans les lignes et les surfaces, dans la confusion des nuits et des jours. Après avoir délicate[1]ment posé sa boîte sur l’armoire, un corps ouvre le lit et rêve à l’inscription sympathique d’un désir silencieux, et au matin referme la couverture comme celle d’un livre qui continuerait de s’écrire, sans auteur. Dans la cave, le jour passe à écouter des feux follets dont on ne sait ni d’où ils viennent, ni où ils se cachent quand gronde la fermentation. Tandis que lève la pâte du boulanger, seule l’obsession des machines évoque les heures du travail de l’aube tandis que dans l’angle d’un cloître, toutes les prières s’amoncellent pour que le temps s’évanouisse enfin.
 
6 . Trans-plantations
C’est le rapport entre le volume de la boîte et la taille du sténopé qui fait varier la profondeur de champ et offre la multitude des plans possibles. Au départ, Oscura voulait calculer au mieux cette relation fondamentale et harmonieuse afin de générer le meilleur diaphragme possible. Il est dit que poussée à l’extrême cette relation permet à certains astronomes de bénéficier de profondeurs de champ infinies, ouvrant à des observations inacces[1]sibles aux meilleurs télescopes. Les premiers pas furent souvent dédiés à cette quête d’exactitude, Du grand horizon, Oscura s’est rapproché du lieu pour découvrir les profondeurs plus intimes, de l’étroite rue de Naples, de la cour fermée à Mopti, ou de la fragile caravane de Shutka. Un sténopé pour se laisser voguer vers d’étranges champs et perspectives.
 
7 . Souffles frontières
Par le sténopé, le jeu des plans en arrive à une confusion entre le dehors et le dedans. Et comme par un baiser impossible entre deux mondes qui devaient se tenir éloignés, les proportions sont abolies. Étonnement. Ici la pierre s’est faite chair. On dévale une main, on escalade un pied, on saute de doigt en doigt pour arriver à une feuille qui lui servira de hamac. Ce monde-là sait faire du grand avec du petit. Il ne déforme rien, il exagère. La cartographie du sténopé ignore la boussole et l’échelle métrique des distances à franchir. Distorsion et pliage de l’espace, en s’approchant à l’excès on ne s’éloigne jamais aussi bien du connu. Un sténopé pour passer de l’autre côté du miroir de la photographie.
 
Jean-Michel Galley & Élisabeth Towns Association Oscura
 
Un livre accompagne l’exposition:
Oscura
éditions le bec en l’air
ISBN 978-2-36744-190-0
36 euros
Cette édition a bénéficié du soutien de la Ville de Chalon-sur-Saône et du ministère de la Culture.
 
Commissariat de l’exposition :
Elisabeth Towns et Jean-Michel Galley, Oscura
Brigitte Maurice-Chabard, musée Nicéphore Niépce
Scénographie, montage: équipe du musée Nicéphore Niépce
 
Le musée remercie
Le Bec en l’Air
La société des Amis du musée Nicéphore Niépce
 

Rubi 1997  © Oscura
Rubi 1997 © Oscura
Le Havre 1994 © Oscura
Le Havre 1994 © Oscura
Mopti 1994 © Oscura
Mopti 1994 © Oscura
Barcelone 2001 © Oscura
Barcelone 2001 © Oscura
Mali 1997 © Oscura
Mali 1997 © Oscura
Mopti 1996 © Oscura
Mopti 1996 © Oscura
Mali 1998 © Oscura
Mali 1998 © Oscura
musée Nicéphore Niépce
28, Quai des Messageries
71100 Chalon-sur-Saône
tel / + 33 (0)3 85 48 41 98
e-mail / contact@museeniepce.com


Site classique / English
© musée Nicéphore Niépce Ville de Chalon-sur-Sâone
Bertrand Stofleth Atlantides plage de l’Horizon,  Lège-Cap-Ferret 2022 © Bertrand Stofleth/Grande commande photojournalisme
Bertrand Stofleth Atlantides plage de l’Horizon, Lège-Cap-Ferret 2022 © Bertrand Stofleth/Grande commande photojournalisme

Demain est un autre jour
Grande commande pour le photojournalisme
29.06 ... 29.09.2024
Inauguration : samedi 29 juin à 11h

Téléchargez le dossier presse ici

Commissariat de l’exposition:
Sylvain Besson, musée Nicéphore Niépce
Scénographie, montage: équipe du musée Nicéphore Niépce

Le musée remercie la Bibliothèque nationale de France, en particulier Sylvie Aubenas, Héloïse Conésa et Emmanuelle Hascoët et la société des Amis du musée Nicéphore Niépce

Tandis que la France se remettait plus ou moins facilement de la pandémie de COVID, deux cents photographes, à l’occasion d’une Grande commande pour le photojournalisme, dans le cadre de France Relance et sous l’égide de la Bibliothèque nationale de France, se lançaient dans une aventure sans précédent, avec un seul objectif: rendre compte de la remise en route du pays, qui comme le reste de la planète s’était retrouvé brutalement à l’arrêt des mois durant.
Face à la stupéfaction, l’inimaginable, le deuil, le boule[1]versement de nos habitudes et de nos certitudes, deux cents propositions, deux cents reportages couvrent la France entre 2021 et 2022, telle une «Radioscopie de la France». Vaste programme, dont il n’est pas aisé d’identifier une cohérence d’ensemble ou d’extraire des séries qui se dégageraient des autres par leur puissance d’évocation. La force de cette commande réside justement dans cette hétérogénéité de regards, dans cette œuvre collective qui prélève durant deux années des morceaux de France et de la vie des Français, sans omettre un seul territoire [de Métropole et d’Outre-mer] tout en s’efforçant de n’oublier personne [dans la mesure du possible tous les âges et toutes de catégories sociaux-professionnelles] même si avec 200 reportages «seulement », il est impossible d’être exhaustif.
Ce temps long offert aux photo[1]graphes est celui du reportage photojournalistique, qui autorise à s’approprier un sujet, identifier et rencontrer les bonnes personnes [témoins, chercheurs…], choisir sa méthode, réfléchir à une narration puis produire une forme de restitution qui fait sens, informe et questionne. Cette Radioscopie de la France illustre, ô combien, la formidable capacité de la photographie à raconter, témoigner, éclairer, interroger. Chacun des 200 auteurs sélectionnés a pu prendre le temps de prendre son temps [une année chacun] pour construire son essai photographique, loin des impératifs de l’urgence de l’actualité et imaginer la configuration la plus efficace pour transmettre ses prélèvements du réel.

Le musée Nicéphore Niépce a choisi d’accompagner la Grande commande pour le photojournalisme par la présentation des travaux de 14 photographes: Ed Alcock, Jean-Michel André, Aurore Bagarry, Sylvie Bonnot, Julie Bourges, Céline Clanet, William Daniels, Hélène David, Pierre Faure, Marine Lanier, Olivier Monge, Sandra Reinflet, Sarah Ritter, Bertrand Stofleth. Alors que le musée Nicéphore Niépce tend à l’exhaustivité, collectant, étudiant, exposant toute la photographie, sous toutes ses formes, de l’invention du procédé à nos jours, ces quatorze propositions traduisent autant d’approches singulières qui accompagnent le musée dans sa réflexion sur le médium tout en traitant d’enjeux actuels, ceux du monde post-COVID. Pour l’exposition, le musée a choisi d’offrir aux photographes la possibilité d’aller au-delà de leurs premiers choix, de revisiter avec eux les corpus plus larges produits durant leur année de prise de vue. Ces propositions originales offrent une réflexion renouvelée de ces travaux.
La pandémie a remis au goût du jour des problématiques encore latentes avant son apparition et les a exacerbées. Le creusement des inégalités et la situation désastreuse de trop nombreux territoires sont explorés par Pierre Faure avec des prises de vue sobres et humbles en argentique tandis qu’Aurore Bagarry recueille les souvenirs de personnes âgées, détentrices d’une mémoire qui s’efface mais dont elle garde trace en regard de leur portrait et des paysages qu’ils habitent.

Avec la pandémie, la prépondérance du numérique dans notre quotidien fut patente. Elle a éclaté au grand jour, ainsi que son versant indispensable, les Datas Centers, ces grandes « fermes» à serveurs sécurisées où sont stockées et transitent toutes nos données numériques. Olivier Monge y a eu accès et en révèle à la fois le clinquant et la désincarnation.
La désindustrialisation française est effective dans de nombreux domaines et la pandémie nous a placés face à ce constat. Jean-Michel André interroge les territoires où cette désindustrialisation est la plus évidente, alternant paysages lunaires et portraits de descendants d’ouvriers des bassins miniers, quand Sarah Ritter explore les Archives nationales du monde du travail pour évoquer avec poésie ce que fut cette histoire.
Lors de la pandémie, la nature a repris ses droits et plusieurs photographes ont interrogé la nécessité de se reconnecter à la nature, notamment Julie Bourges et ses portraits de femmes marin pêcheurs ou Hélène David, par un savant assemblage de prises de vue et d’images d’archives, de recueils de témoignages divers et de propositions scénographiques complexes. De son côté, Céline Clanet s’est aventurée dans des espaces naturels protégés, jalousement conservés à l’abri des promoteurs et des exploitants. Lorsque la photographie rime avec engagement.

Engagement toujours, lorsque Sandra Reinflet oppose photographies de militants à Bure manifestant contre l’enfouissement des déchets et vues d’infrastructures « idylliques» mais désespérément vides, fruits des subventions destinées à faire accepter cet enfouissement. La production d’énergie nucléaire est également au cœur du travail d’Ed Alcock qui questionne le paysage et le mode de vie des habitants résidant autour des dix-huit centrales nucléaires françaises.
Les effets du changement climatiques ne sont plus contestés aujourd’hui, la pandémie a fait office de révélateur. L’approche documentaire de Sylvie Bonnot sonde la complexité des relations nature/industrie dans le cadre de l’exploitation forestière et des modifications du climat. Quand Bertrand Stofleth et William Daniels se confrontent frontalement aux effets de ces dernières sur la côte Atlantique, la Loire et la Gironde. De son côté, Marine Lanier collabore avec des chercheurs qui œuvrent à remédier au change[1]ment climatique au sein du jardin du Lautaret et multiplie les proposi[1]tions formelles pour restituer leurs efforts.
Chacun à leur manière, les photographes de la Grande commande nous racontent des histoires, éclairent notre regard et éveillent notre conscience. Ce faisant, ils gardent traces de notre société postpandémie.
Pour l’histoire.

Sylvain Besson

Retrouvez une biographie des photographes ainsi qu'une description de leurs projets sur le site : Grande commande photojournalisme [culture.gouv.fr]

Ed Alcock Zones à risque © Ed Alcock MYOP / Grande commande photojournalisme
Ed Alcock Zones à risque © Ed Alcock MYOP / Grande commande photojournalisme

Ed Alcock

(né en 1974, Royaume-Uni)
Après un doctorat en mathématiques, Ed Alcock devient correspondant à Paris, pour The Guardian et The New York Times. Il collabore aujourd’hui, entre autres, avec Le Monde , L’Obs , Elle , Télérama , Madame Figaro , The Observer Review . Ses sujets de prédilection sont l’intime, l’identité et le territoire. Il a notamment travaillé sur la relation fusionnelle mère-fils, les ravages des secrets de famille, le Brexit, le confinement. Son travail est régulièrement exposé en Europe et il est membre de l’agence Myop.
 
 Zones à risque
 Dans un contexte de relance de l’énergie nucléaire, Ed Alcock documente le quotidien des habitants des « zones à risque », ces territoires situés dans un rayon de 5 kilomètres autour des dix-huit centrales françaises. Il cherche à comprendre s’ils appréhendent le danger qu’ils encourent ou si le discours rassurant du secteur et la richesse des communes où ils vivent les confortent dans leur choix de vie.

Jean-Michel André

(né en 1976).
Diplômé de l’École des Gobelins, Jean-Michel André poursuit un travail reposant sur une vision politique et poétique du territoire, dont il interroge les limites, la mémoire et les évolutions. Il explore aussi la notion de circulation, celle des flux économiques, financiers et migratoires, comme dans son dernier projet, « Borders » publié par Actes Sud et exposé aux Rencontres d'Arles en 2021. Lauréat de la bourse du Talent en 2017, du Cnap en 2022 et du Prix Maison Blanche en 2023, son travail est publié et régulièrement exposé.

A bout de souffleRésident des Hauts-de-France depuis 2013, Jean-Michel André s’intéresse à la patrimonialisation et à la transition environnementale menées dans le Bassin minier, notamment grâce aux actions des associations et collectivités, et, plus récemment, à un grand plan national pour le renouveau du territoire. Les paysages qu’il photographie sont parfois lunaires, voire mystérieux, peuplés de chevalements, de terril de schiste noir mais aussi d’une faune et d’une flore qui reprennent leurs droits. Ils sont complétés par les portraits des enfants et petits-enfants de mineurs, habitants des cités minières, exilés aux vingt-neuf nationalités, arrivés par vagues successives pour travailler à la mine, dans cette région qui est également une terre d’accueil.

© Aurore Bagarry / Grande commande photojournalisme
© Aurore Bagarry / Grande commande photojournalisme

Aurore Bagarry

(née en 1982)
Diplômée en 2004 de l’École des Gobelins et, en 2008, de l’École nationale supérieure de la photographie, Aurore Bagarry propose une lecture personnelle du paysage composée d’un inventaire de formes, parfois fragiles bien que monumentales telles que « Glaciers », « Roches », « Les Formes de l’eau ». En 2020, elle était lauréate de la commande « Regards du Grand Paris ». Elle a publié Roches  avec Gilles A. Tiberghien en 2020 et Glaciers  avec Michel Poivert et Luce Lebart en 2022.
 
 Le voyage immobile
 Pour ce reportage, la photographe a réalisé, à la chambre 4 x 5 inches, une série de portraits de personnes âgées qui ne peuvent plus se déplacer, en relation avec des paysages des Pyrénées. Les sujets photographiés résident à Prats-de-Mollo-la-Preste, village situé sous le dernier col conquis par Franco pendant la guerre d’Espagne, le col d’Ares. Avec ces portraits, Aurore Bagarry interroge les vestiges d’une mémoire qui s’évanouit petit à petit.

Sylvie Bonnot, L'arbre-machine © Sylvie Bonnot, Hangar Gallery / Grand commande photojournalisme
Sylvie Bonnot, L'arbre-machine © Sylvie Bonnot, Hangar Gallery / Grand commande photojournalisme

Sylvie Bonnot

(née en 1982)

Diplômée de l’École nationale d’art de Dijon, Sylvie Bonnot développe une recherche qui engage la nature de ses sujets et la matérialité de l’image en s’appuyant sur l’expérience physique de paysages souvent extrêmes. L’historique de l’image vient ensuite contribuer au devenir des résultats photographiques bidimensionnels, en volume ou in situ. Elle est régulièrement exposée et collabore avec la presse.

L’Arbre-machine (échos des canters)

Cette enquête photographique suit la piste des forêts françaises à travers une série de fragments collectés en métropole et en Guyane. Les grands écarts qui les caractérisent sont ici rapprochés pour témoigner d’une complexité paysagère et industrielle, entre la forêt primaire d’Amazonie guyanaise et les futaies monospécifiques de métropole.

Julie Bourges Les eaux-fortes © Julie Bourges / Grand commande photojournalisme
Julie Bourges Les eaux-fortes © Julie Bourges / Grand commande photojournalisme

Julie Bourges

Les eaux-fortes (High water)

Camille Brigant.
This is Camille at work on the VaFiAn. She has been working on the boat for four years. She studied business at maritime school but after a work experience stint on the fishing boat, she changed her career path. She mainly fishes for spider crabs and scallops when in season.

© Julie Bourges / Grande Commande Photojournalisme

Céline Clanet Les îlots farouches © Céline Clanet / Grand commande photojournalisme
Céline Clanet Les îlots farouches © Céline Clanet / Grand commande photojournalisme

Céline Clanet

(née en 1977)
Diplômée de l’École nationale supérieure de la photographie, Céline Clanet s’intéresse aux lieux reculés ou secrets, aux paysages sauvages et à leurs occupants. Elle est lauréate du prix Critical Mass Award en 2010 pour « Máze », sur un village sámi en Laponie, de la bourse Reporters in the Fields de la Robert Bosch Foundation pour « Pasvik, the river that tell the High North » en 2019. Exposée en Europe et à l’étranger, elle a publié plusieurs ouvrages.

Les ilots farouches
Céline Clanet a exploré les espaces naturels les plus protégés de France métropolitaine. Sur ces territoires, potentiellement exploitables ou habitables mais dont personne ne peut disposer, toutes formes d’installation, de chasse ou de pêche, d’agriculture, de pâturage ou de prélèvements sont interdites. La présence humaine y est généralement proscrite et seulement concédée aux scientifiques venus observer, écouter, compter, mesurer. Ces espaces de protection radicale, dits en « libre évolution », représenteraient entre 1 et 2% du territoire métropolitain.

William Daniels
William Daniels

William Daniels

(né en 1977)
William Daniels commence sa carrière en 2002 après une formation au centre Iris à Paris. Son premier reportage, « Les petits fantômes de Manille », remporte le prix de la photographie sociale et documentaire en 2004. En 2007, avec « Faded Tulips », il explore la république du Kirghizistan et, en 2013, s’intéresse au Centrafrique. Il collabore notamment avec National Geographic . Il a reçu plusieurs prix, dont deux World Press Photo et un Visa d’or.

Un climat français
William Daniels documente les stigmates des évènements climatiques extrêmes dans l’Hexagone. Depuis la France, la crise climatique semblait diffuse et lointaine jusqu’à 2022 qui s’est avérée être l’année la plus chaude et la sèche jamais enregistrée. En s’intéressant aux conséquences des épisodes de grande chaleur et de sécheresse, le photographe a exploré les bords de la Loire asséchée, les glaciers alpins qui perdent du terrain et n’alimentent plus suffisamment les nappes phréatiques des plaines, ou la Gironde, qui fut le théâtre de mégafeux cet été-là. Il a fait le choix de photographier des paysages vides d’humains, avec lenteur, dans des zones où les territoires subissent une transformation rapide et très visible.

Hélène David Autochtones © Hélène David / Grande commande photojournalisme
Hélène David Autochtones © Hélène David / Grande commande photojournalisme

Hélène David

(née en 1971)
Diplômée de l’École nationale supérieure Louis-Lumière, Hélène David cherche à renouveler les représentations de nos relations au vivant en associant la photographie documentaire à des pratiques comme la collecte d’archives et l’écriture. Son dispositif d’enquête invite volontiers d’autres auteurs, habitants ou institutions. Son travail a fait l’objet de plusieurs expositions.
 
Autochtones, secrètes connivences avec le sol
Selon la mythologie basque, l’énergie qui féconde le monde surgit des profondeurs de la terre. Dans un contexte contemporain de crise écologique, ces récits archaïques nous invitent-ils à renouveler nos représentations du sol, ce socle vivant ? En partant de cette hypothèse, Hélène David arpente les reliefs des Pyrénées-Atlantiques à la rencontre d’intercesseurs paysans, archéologues ou chasseurs. Son travail d’enquête documentaire aborde ainsi la terre basque comme un continuum organique, un espace de porosités et d’interactions entre humains, animaux, plantés, éléments et ancêtres. La matière issue du terrain – photographie ou recueil de paroles - , tout comme la collecte d’images d’archives, peuvent alors enrichir sa recherche narrative : une partition chorale venue de l’enfoui.

Pierre Faure France périphérique © Pierre Faure / Grand commande photojournalisme
Pierre Faure France périphérique © Pierre Faure / Grand commande photojournalisme

Pierre Faure

(né en 1972)
Après des études en sciences économiques, Pierre Faure se tourne vers la photographie en 2010. Ses premières séries, dans lesquelles l’abstraction et les évocations organiques occupent une place centrale, jouent avec les notions d’échelle et de perspective. En 2011, il aborde la question sociale avec son travail sur les Tziganes d’Ile-de-France, puis s’attache au quotidien des personnes en grande précarité (« Les Gisants » en 2013, « Le Bateau » en 2014). Il est membre de Hans Lucas.

France périphérique
Cette série photographique s’inscrit dans un travail entrepris en 2015 afin de documenter la pauvreté en France. En parcourant l’ensemble du pays, Pierre Faure consacre environ deux cents jours par an à ces prises de vue. Celles-ci témoignent des conditions de vie de personnes vivant sous le seuil de pauvreté dans la région Nouvelle-Aquitaine, et de leur façon de faire face à la situation sanitaire. Le photographe tente de saisir dans ce quotidien les figures d’une humanité blessée.

Marine Lanier Col du Lauraret - été © Marine Lanier / Grand commande photojournalisme
Marine Lanier Col du Lauraret - été © Marine Lanier / Grand commande photojournalisme

Marine Lanier

(née en 1981)
En 2007, Marine Lanier est diplômée de l’École nationale supérieure de la photographie. Issue d’une famille d’horticulteurs et de marins, sa recherche est centrée autour des questions du vivant, de la structure clanique, du lien, de l’aventure. Son approche relève de la fable documentaire et du réalisme magique. Elle a publié Nos feux nous appartiennent  (Poursuite)  (2016) et Le Soleil des loups  (2023). En 2018, elle était lauréate du Cnap pour son projet « Les Contrebandiers ». Elle expose en France et à l’étranger.
 
Le jardin d’Hannibal
Animée par notre rapport organique à la nature et aux éléments, Marine Lanier observe le comportement des plantes, l’activité des jardiniers, des scientifiques et des chercheurs au jardin du Lautaret, le plus haut d’Europe. Abritant les plantes et les essences alpines du monde entier, celui-ci a été créé dans le cadre de l’opération « Alpage volant » qui vise à trouver des solutions d’adaptation face au changement climatique – dans l’optique d’un réchauffement de 2 à 3 degrés à l’horizon 2100. La photographe joue avec les lumières, s’affranchissant des notions de réel et d’imaginaire pour produire des images monochromes et organiques dignes d’un conte mythologique et écologique.

Olivier Monge Data Center Interxion à Marseille © Olivier Monge MYOP / Grand commande photojournalisme
Olivier Monge Data Center Interxion à Marseille © Olivier Monge MYOP / Grand commande photojournalisme

Olivier Monge

(né en 1974)
Diplômé de l’École nationale Louis-Lumière en 1998, Olivier Monge réalise portraits et reportages pour la presse et mène un travail personnel à la chambre sur le territoire et le patrimoine ; dans ce cadre, il a produit « Montagne urbaine » (2014), « Greystones » (2016), « Water Please » (2019). Il a publié plusieurs ouvrages, dont Nice, hier et aujourd’hui (2003) et La Promenade des Anglais  (2005). Il est directeur artistique de la galerie Fermé le lundi, à Marseille et membre de l’agence Myop.
 Data Center La crise sanitaire et les épisodes de confinement successifs ont confronté nos sociétés à une dépendance grandissante aux outils numériques. Olivier Monge documente les grands data centers en France pour donner à voir les nouvelles matrices de nos vies modernes.

Sandra Reinflet Le prix du silence © Sandra Reinflet / Grande commande photojournalisme
Sandra Reinflet Le prix du silence © Sandra Reinflet / Grande commande photojournalisme

Sandra Reinflet

(née en 1981)
Sandra Reinflet utilise la photographie et le texte pour mettre en scène le réel. En 2020, « VoiE.X, artistes sous contraintes » a reçu le prix Roger Pic de la Scam et le prix des membres Carré sur Seine. En 2021, son travail « Les bâtisseuses » a été exposé sur la basilique de Saint-Denis. Elle réalise des actions culturelles pour amplifier la voie de ceux que l’on n’entend pas. Son travail est exposé en France et à l’étranger.

Le Prix du silence
Bure : quatre-vingts habitants, une salle des fêtes panoramique, des routes et lampadaires rutilants, une station essence comme sortie d’un film de science-fiction… Le laboratoire d’enfouissements des déchets nucléaires a changé ce paysage de la Meuse, l’un des départements les plus pauvres et les moins peuplés de France. Pour faire accepter ce projet destiné à enfouir les résidus nucléaires les plus radioactifs (jusqu’à quatre cent mille ans) à 500 mètres de profondeur, les villages alentour ont reçu d’importantes compensations financières. Par une alternance de photographies d’infrastructures subventionnées et de portraits d’opposants, Sandra Reinflet interroge les mécanismes d’implantation de ce projet que l’État semble vouloir faire aboutir à tout prix.

Sarah Ritter De l'extraction : un portrait français
Sarah Ritter De l'extraction : un portrait français

Sarah Ritter

(née en 1978)
Sarah Ritter travaille d’après une méthode heuristique, par accumulation d’images trouvant au fil du temps leur ordre et leur logique associative. Ce processus permet aux photographies de mûrir et de s’apparier, formellement ou métaphoriquement. Elle a publié La nuit craque sous nos doigts (2029), et à été lauréate du programme de recherche de l’Institut pour la photographie de Lille en 2021.

Ors
Prises de vues réalisées sur un site minier en Guyane française. Depuis 2021, Sarah Ritter mène une exploration sensible et de terrain sur les activités extractives. La Guyane est le territoire français qui compte le plus de mines en activités, du fait de la présence d’or dans son sol. Les mines peuvent être légales, encadrées par la législation française, ou illégales, prospection hors de toute précaution pour les humains qui y travaillent et pour le milieu environnant. Elle a pu assister à toutes les étapes de l’extraction de cet or, qui n’a pas d’autre valeur que monétaire dans notre monde. “Il y a une sorte d’abîme qui s’ouvre quand on le contemple, quand on en parle avec ceux qui l’extraient, le filtrent, le purifient, le fondent, le vendent. Une fascination toujours présente, toujours étrange, profonde. L’or est très jaune, très dense, et une toute petite pépite pèse déjà lourd dans ma paume. Elle pèse dans mon cœur, dans nos cœurs. J’ai choisi de montrer le moment où lances à eau, terre, cailloux, et bulldozer se rencontrent pour pro pulser l’or dans les tamis et les tapis de plastique qui vont le retenir.” En complément de la commande “Radioscopie de la France”, ce travail a reçu le soutien de l’Institut pour la Photographie des Hauts-de-France.

Bertrand Stofleth Atlantides plage de l'horizon, Lège-Cap-Ferret, 2022 © Bertrand Stofleth / Grande commande photojournalisme
Bertrand Stofleth Atlantides plage de l'horizon, Lège-Cap-Ferret, 2022 © Bertrand Stofleth / Grande commande photojournalisme

Bertrand Stofleth

(né en 1978)
Bertrand Stofleth croise photographie, recherche, collaborations et écritures. Ses images documentaires portant sur les modes d’habitation des territoires et interrogent les paysages dans leurs usages et leurs représentations. Depuis 2018, il documente les changements liés aux enjeux climatiques et sociaux. Il a publié plusieurs ouvrages, dont Rhodanie  (2016) et La Vallée  (2022). Son travail est présent dans différentes collections publiques et privées, en France et à l’étranger.
 
 Atlantides
 Avec ce projet, Bertrand Stofleth interroge les paysages et les habitants de la façade atlantique française à l’ère de l’anthropocène. Il arpente les abords du littoral, du trait de la côte à l’arrière-pays, depuis la pointe bretonne jusqu’à la frontière espagnole. En allant à la rencontre d’experts et d’habitants, il documente les conséquences du réchauffement climatique accélérées par le tourisme de masse : érosion, submersion marine, bouleversements des écosystèmes et de la biodiversité. Ce travail critique sur le paysage et son habitat met en lumière des stratégies d’adaptation, comme autant d’alternatives et de solutions.

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